« Si le pays s’y prend à temps avec des réformes visant l’amélioration du processus électoral et non pas l’acquisition ou la conservation du pouvoir, la RDC connaîtra des meilleures élections en 2028 », estime la Ceni après publication du rapport du cycle électoral 2019-2023 de la MOE CENCO-ECC

« Si le pays s’y prend à temps avec des réformes visant l’amélioration du processus électoral et non pas l’acquisition ou la conservation du pouvoir, la RDC connaîtra des meilleures élections en 2028 », estime la Ceni après publication du rapport du cycle électoral 2019-2023 de la MOE CENCO-ECC

La Mission conjointe d’observation électorale de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ du Congo (ECC) MOE CENCO-ECC, a publié lundi 17 juin, au Centre interdiocésain son rapport du cycle électoral 2019-2023, six mois après les élections générales de 2023. Transmis à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), cinq jours auparavant et dévoilé lundi par le Révérend Eric Nsenga, Secrétaire général de l’ECC, le rapport retrace les contours des opérations d’identification et enrôlement des électeurs, aux jours de différents scrutins directs et indirects, en passant par la campagne électorale avant d’aboutir aux contentieux qui en ont découlé.

Réaction de la Ceni

Pour la Ceni, « ce rapport énumère plus d’écueils rencontrés et autres défis auxquels la Centrale électorale étaient confrontés, et élude les efforts qu’elle a déployés pour mener à bien la mission lui assignée », a réagi le 2ème Vice-Président de la Ceni, Didi Manara Linga, qui représentait son président Denis Kadima Kazadi.

 

« C’est un rapport qui est principalement orienté vers les difficultés et les défis rencontrés et ne souligne pas suffisamment les efforts de la Ceni afin de les surmonter. La bonne foi, les réalisations et les innovations sont mises à mal. C’est une liste des ratés qui ne sont toujours pas du fait de la Ceni et ne présente aucun élément comparatif des cycles antérieurs afin de souligner les progressions et les régressions. Il donne l’impression que rien n’a marché pour revenir à la case de départ et faire croire aux différents bailleurs de fonds que le chemin est encore long vers des élections de meilleure qualité. Il prête à la Ceni des pouvoirs qu’elle n’a pas, telle que la sécurisation du processus électoral qui dépend du Gouvernement », réagit la Centrale électorale par le truchement du 2ème Vice-Président.

 

Non sans avoir précisé en outre que « contrairement à certaines prédictions de mauvais augure, la Ceni a organisé, le 20 décembre 2023, les élections directes combinées du Président de la République, des députés nationaux et provinciaux ainsi que celles des conseillers communaux dans les chefs-lieux de province. Celles du 4ème cycle ont eu lieu dans un contexte de profonds changements politiques, marqués par la participation pour la première fois des Congolais résidant à l’étranger. Cependant, ces élections ont été organisées malgré les défis persistants de sécurité à l’Est et une augmentation des violences à l’Ouest, notamment avec les déplacements forcés d’électeurs à Kwamouth, dans la province de Maï-Ndombe », se défend la Ceni.

Défis surmontés et élections organisées dans le délai constitutionnel

Malgré les critiques de la MOE CENCO-ECC, la Ceni pense qu’elle a relevé les défis, et réussi à organiser les élections dans le délai constitutionnel, parce qu’elle a tenu compte des enseignements des cycles électoraux précédents, notamment sur le financement irrégulier et tardif qui affectait le calendrier, les réformes légales et réglementaires (seuil de recevabilité, mesures incitatives pour la participation des femmes comme candidates, etc), ainsi que les influences externes multiples sur les plans économique, social, politique, logistique, sécuritaire, légal, écologique, technologique ; sans oublier les conditions climatiques et météorologiques.

 

Elle dit avoir travaillé avec « rigueur et transparence afin de restaurer sa crédibilité sérieusement compromise lors des cycles précédents et regagner la confiance des parties prenantes. Elle y va avec des exemples tels, l’identification et l’enrôlement des électeurs en seulement quatre mois, contrairement au cycle passé. Une prouesse à saluer, « malheureusement occulté » par ce rapport de la MOE CENCO-ECC. La question des cartes défectueuses qui s’est révélée, a eu une réaction prompt et professionnelle car les duplicatas octroyés ont permis à tous les électeurs inscrits sur les listes électorales avec une carte défectueuse de voter le 20 décembre 2023 », fin de citation.

L’inclusion, la transparence et la paix : des acquis à préserver

Dans sa réplique, tout en se défendant, la Ceni a indiqué que « les précédents processus électoraux ont tous été confrontés à des défis significatifs, notamment sur les plans opérationnel, logistique, sécuritaire, social et politique. Ces défis ont souvent menacé la stabilité du pays, comme en témoignent les exclusions de candidats à la présidence en 2011 et 2018 (le cas éloquent du candidat Moïse Katumbi), les violences post-électorales et les restrictions de vote dans des régions instables.

 

Mais pour la première fois, des Congolais résidant à l’étranger ont pu participer au vote. La Ceni a développé une application mobile (PRERAP) pour faciliter l’enregistrement préalable des électeurs à domicile, ainsi qu’une autre application (CENI-MOBILE) pour informer les électeurs sur leur bureau de vote.

 

Avant de procéder à l’inscription des candidats et au vote lui-même, elle a animé des cadres de concertation avec toutes les parties prenantes (partis et regroupements politiques, candidats indépendants, société civile, femmes, jeunes, journalistes, personnes vivant avec handicap, etc.) et particulièrement avec les candidats à la Présidence de la République.

 

Elle a institué des journées portes ouvertes pour montrer qu’elle n’avait rien à cacher. Le Centre Bosolo a été créé pour publier les résultats en temps réel pendant la centralisation des résultats, marquant une avancée significative dans la transparence du processus électoral. La diffusion en direct de la compilation progressive des résultats présidentiels et la publication les résultats bureau de vote par bureau de vote sur son site web, a permis aux parties prenantes de vérifier les résultats. Toutes les initiatives permettant d’empêcher la coupure d’internet durant les périodes électorales et post-électorales, afin d’assurer plus de transparence et de permettre à tous de voir les aspects honteux dudit processus, ont été appuyées et accompagnées par la Ceni.

 

Elle s’est par ailleurs régulièrement concertée avec les institutions de la République ainsi qu’avec les partenaires internationaux, notamment, l’UA, l’UE, la CEEAC, le CIRGL, la SADC et l’ECF-SADC. Elle a contribué à l’amélioration de la participation des populations vulnérables en mettant à leur disposition la loi électorale traduite en écriture braille ou encore le glossaire en langues des signes. Contrairement au cycle dernier, la Ceni a facilité l’observation à long terme et l’accréditation des observateurs internationaux (Centre Carte, UE), en dépit de l’incident sur le départ de la Mission d’observation de l’UE qui ne relève pas d’elle.

Conclusion

En conclusion, la Ceni dit regretter ne pas voir les résultats du comptage parallèle de la MOE CENCO-ECC qu’elle attendait, qui du reste corroborent les siens, malheureusement cette convergence des conclusions a été étonnement gardée secrète par ce rapport.

 

Elle pense, pour sa part, avoir accompli sa mission qui a notamment abouti à l’installation des institutions, tout en étant persuadé que « si le pays s’y prend à temps avec des réformes visant l’amélioration du processus et non pas l’acquisition ou la conservation du pouvoir, la RDC connaîtra des meilleures élections en 2028 ».

 

À la suite des réactions du représentant du Président de la Ceni, le Secrétaire général de la Cenco, Monseigneur Donatien Nshole, a fait un certain nombre de recommandations aux trois principales institutions du pays à savoir, le Président de la République, le Parlement et le Gouvernement pour ne pas retomber dans des errements du passé et améliorer dans le futur, le processus électoral congolais.

 

Willy Bwiti & Cellule Com /CENI

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