Mme Aziza Aziz-Suleyman se dit prête à proposer à la Première ministre les priorités et intérêts stratégiques pour faire avancer la cause des femmes
RD Congo : Mme Aziza Aziz-Suleyman salue la nomination de la Première ministre
(Par Belinda Idiakamba & Willy Bwiti)
En République Démocratique du Congo, pour la première fois dans l’histoire politique du pays, une femme a été nommée il y a quelques semaines, Première ministre. Judith Suminwa Tuluka, porte ainsi la lourde responsabilité de conduire la politique du gouvernement Congolais durant le second quinquennat du président Félix Tshisekedi.
Cette promotion d’une femme à un poste de prise des décisions, a toujours été au cœur de la lutte des femmes et associations féminines dans le cadre de la parité Homme-Femme que consacre la Constitution Congolaise. Ces associations trouvent en madame la Première ministre une interlocutrice valable pour mener à bien cette lutte. Mme Aziza Aziz-Suleyman, dont l’expérience et l’expertise professionnelle dépasse nos frontières, salue cette nomination qui, espère-t-elle, fera avancer la cause des femmes.
« J’ai été très contente de savoir qu’une femme a été nommée à ce poste. De plus, une femme compétente », ainsi s’est exprimé Mme Aziza Aziz-Suleyman, au lendemain de cette nouvelle. D’après elle, cette nomination véhicule une image positive des femmes dans la mesure où plusieurs personnes dont les jeunes filles, pourront se reconnaitre en Mme Judith Suminwa Tuluka. « Il est donc essentiel pour nos jeunes filles d’avoir un tel modèle. Pour ça, j’ai un double espoir qu’elle va premièrement exercer un leadership diffèrent de ce que les autres ont fait ; à savoir, un leadership féministe ; deuxièmement, un espoir qu’elle va exercer ce leadership sur l’avancement des quelques priorités des femmes, notamment des lois et dispositifs légaux pour faire avancer la cause des femmes ».
Maintenant qu’une femme trône à ce poste décisionnel, les autres femmes attendent de lui, la concrétisation des divers engagements étatiques entre autres : créer de l’espace en leur faveur. Il ne s’agit pas d’une faveur ni d’une tolérance, dit Mme Aziza Aziz-Suleyman, mais bien de matérialiser un engagement prévu par la constitution et longtemps promis par les différents Chefs d’Etat qui ont succédé à la tête de notre pays.
Ses craintes
Cependant, Mme Aziza Aziz-Suleyman exprime quelques craintes dans la gouvernance Suminwa. Celles de vivre « la généralisation et l’homogénéisation que subissent le groupe des femmes », dit-elle. En effet, explique-t-elle, « les gens pensent qu’une seule femme devrait toute seule représenter toutes les autres. Il n’en est rien. Alors que les hommes qui sont passés au pouvoir ne représentent jamais les échecs des autres hommes. On veut que Mme Suminwa représente à elle seule toutes les femmes du Congo…pourtant quand un homme échoue, on ne dit pas tiens, les hommes dans leur ensemble ont échoué ».
Deuxièmement, sa crainte s’explique sur le fait que les femmes n’ont pas encore un agenda global national qui peut faire que Mme Suminwa n’ait pas vraiment un objectif féministe à faire avancer, en termes de priorités et d’intérêts stratégiques des femmes. Priorités et intérêts stratégiques qui pourraient faire l’objet pour elle de plaidoyer et d’avancement de la cause des femmes. « C’est à nous femmes du Congo de lui en proposer », déclare-elle en direction des femmes congolaises.
Enfin, sa troisième crainte porte sur d’éventuels bâtons dans les roues que pourrait rencontrer la Première ministre. « Il y a des jeux de pouvoirs que nous ne maitrisons pas au pays…certaines personnalités qui se sentiraient écartées, et souvent ces autorités morales…peuvent donc ne pas l’aider ou alors mettre des bâtons dans les roues pour faire échouer son mandat ».
Dans le même ordre d’idée, Vital Kamerhe déclarait au sortir d’une rencontre entre la Première ministre et le présidium de l’union sacrée de la nation que « la première ministre ferait mieux s’il n’y a aucune interférence politique dans son action », fin de citation.
Cependant, le Dr Aziza Aziz-Suleyman se sent mieux dans son activisme en genre, santé sexuelle et reproductive et droits des femmes que dans la politique. Mais qui est-elle cette dame ? La réponse est à lire à travers un portrait-robot que dresse intercongomedia.net.
