RDC-Transition énergétique : vers un approvisionnement durable en bois-énergie

RDC-Transition énergétique : vers un approvisionnement durable en bois-énergie

(Par Willy Bwiti)

En République Démocratique du Congo, le recourt au bois-énergie pour le besoin de cuisson représente 93% du mix énergétique du pays. La filière bois-énergie, éminemment viable, fonctionne en toute impunité et dans l’informel.

 

Pourtant, cette filière génère des millions de dollars par an qui n’alimente ni l’assiette fiscale et échappe au contrôle de l’Etat Congolais. Paradoxalement à la viabilité de la filière, le bois-énergie est indexé comme étant le deuxième moteur de la déforestation dans le pays. Pour ainsi réduire la part du bois-énergie dans le bouquet énergétique pour la cuisson des aliments, faire face à la déforestation et au dérèglement climatique, la Rdc s’est engagée à accélérer sa transition vers un approvisionnement durable en bois-énergie. Le Forum national ouvert à ce sujet depuis lundi et qui ferme ses rideaux ce mercredi à Kinshasa, aura les mérites de poser les bases de cette transition.

Réunis dans un forum dit national, sous le leadership de la ministre de l’Environnement et  développement durable, Eve Bazaïba Masudi, une centaine d’experts issus du secteur public et privé (professeurs d’universités, centres des recherches, Ongs, producteurs, transporteurs, commerçants) venus de Kinshasa et des provinces y réfléchissent du 23 au 25 octobre à Kinshasa.

 

Le forum bénéficie de l’accompagnement des partenaires au développement comme le PNUD, l’UNCDF, la FAO, CAFI et de FONARDD ainsi que de la participation de l’ONUDI, ONU FEMMES, USAID, BAD, CIRAD, ENABEL…pour ne citer que ceux-là.

 

« Vous êtes invités en focus group et en plénière, à réfléchir durant ces trois jours, sur comment engager des reformes pour accélérer cette transition, comment assurer un approvisionnement durable en combustible ligneux, comment optimiser l’efficacité énergétique du processus de carbonisation et des foyers de cuisson, comment réduire la part du bois-énergie dans le bouquet énergétique pour la cuisson des aliments, enfin, comment développer des chaînes de valeurs du bois-énergie durable », circonscrivait à l’attention des panélistes, Kouadio Ngoran, le fonctionnaire du Pnud en charge du Programme de consommation durable et substitution partielle au bois-énergie et modérateur du forum.

Il n’est un secret pour personne que la déforestation menace l’environnement immédiat des grandes agglomérations comme Kinshasa, Lubumbashi, Goma, Bukavu, Kisangani…Mais en termes des profits tirés des produits de la déforestation, les statistiques révélées par Pnud à travers les études menées par Cirad, indiquent que le bois-énergie génère environs 200 millions de dollars par an. Des recettes non canalisées dont Lubumbashi en sort avec 50 millions de $ l’an, Goma 26 millions, Bukavu 16 millions et Kinshasa consomme 17 millions de tonnes de bois par an, indiquent les mêmes études.  

 

Aujourd’hui, certains acteurs institutionnels qui y interviennent, sont même en conflit de compétence et d’attribution qu’ils se revendiquent curieusement sans gêne devant les instances judicaires, faute de non-dits légaux devant règlementer la filière.

 

À entendre le professeur Augustin NGE, expert de la FAO en matière de bois-énergie, le code forestier étant limité en la matière, « les panelistes s’évertuent à clarifier le rôle de chacun, les responsabilités des gouvernements central et provinciaux, à proposer l’instauration d’un cadre de concertation pour l’unicité et la coordination des interventions et à permettre aux acteurs de quitter l’informel, afin d’améliorer la gouvernance pour que le pays en tire profit ».

Dans la chaîne d’intervention future, le ministère de l’Intérieur à travers son Secrétariat général aux Affaires coutumières que pilote le Secrétaire général, Kalala Mayimala Claude, représenté à ces assises par l’Assistant Mudiay Mutu Steve, devra jouer un rôle majeur dans la gouvernance de la filière bois-énergie. Ceci dans la mesure où elle implique à l’origine de la coupe de bois et de leur carbonisation, les chefs coutumiers qui se disent propriétaires des terres et vendent des hectares entiers jusqu’à en déposséder même, au profit des tierces personnes, qui par ailleurs, les exploitent abusivement.  

 

« L’approvisionnement durable en bois-énergie est possible, lors qu’on aura réduit la pression sur les forêts primaires en favorisant et dupliquant le modèle des projets comme Mampu et Kinzono, autour des grands centres urbains suivant cette politique de reboisement des hectares des plantations à des fins énergétiques », soutenait le représentant de l’Ambassade de Royaume des Pays-Bas.

 

Les opportunités de financement en cours et futur sur les solutions innovantes pour accélérer cette transition, sont passées au peigne fin lors du panel en plénière. Au finish, une esquisse d’une feuille de route pour l’opérationnalisation de ces solutions innovantes est attendue au terme de trois jours des travaux, afin d’accélérer justement cette transition vers un approvisionnement durable en bois-énergie en Rdc.

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