Gouvernement Suminwa : raconter l’investiture comme si vous y étiez !
Le gouvernement Suminwa investi
Le gouvernement de la première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a été investi dans la nuit du 11 au 12 juin, après que son programme dont le budget s’élève à plus de 18 milliards de dollars ait été présenté, débattu et approuvé par l’Assemblée nationale.
Convaincus des réponses leur apportées par la cheffe du gouvernement, 397 députés l’ont voté pour, aucune n’a voté contre et 8 se sont abstenus sur les 405 députés présents dans la salle. Il était deux heures moins cinq minutes. « Je salue les observations et remarques des députés, je promets de prendre en compte tous les écueils soulevés », a-t-elle prit l’engagement. C’est à 2h24’ précises que la séance a été levée. Ainsi dont, le gouvernement peut d’ores et déjà se mettre au travail dès ce mercredi.
Raconter l’investiture comme si vous y étiez !
Nous sommes le 10 juin, un post de la première ministre Judith Suminwa Tuluka, est relayé comme des petits pains sur les réseaux sociaux. « L’investiture, mardi 11 juin, jour J-1. Je suis prête pour demain. Gouvernement Suminwa, nous sommes prêts », lit-on sur les plateformes des réseaux sociaux. À la cité, les bases des partis et regroupements politiques, les soutiens de la cheffe du gouvernement et des membres de son gouvernement, se mobilisent pour accompagner cette investiture.
Le 11 juin, jour J. Dès les premières heures de la matinée, les abords du palais du peuple sont pris d’assaut par des militants en liesse. Les militants qui se disent soutenir ce gouvernent, chantent, dansent et arborent des calicots de soutien.
13heures. Le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe, bien installé, annonce dans le brouhaha, la présence de 254 députés dans une salle archicomble et fort animée. « Plusieurs députés traineraient encore dehors dans cette bousculade inattendue. Mais le quorum étant atteint, nous pouvons siéger valablement », dit le Président Vital Kamerhe.
Vital Kamerhe grand stratège
Dans la foulée de cette bousculade, le président du palais annonce un accident qui aurait frôlé la catastrophe : « Cinq personnes dont un policier et quatre civiles sont parmi les blessées ». Pendant qu’il s’exprime, la salle est chauffée à blanc de façon ininterrompue par des militants qui chantent à la gloire de leurs maîtres. « Grand stratège », Vital Kamerhe tente d’amadouer ces militants en liesse qui s’identifient à leurs partis politiques. Les yeux fixés au balcon, Vital Kamerhe interpelle : «…honorable Mboso, honorable…je vois les drapeaux là-bas. C’est à vous de demander à vos militants d’être disciplinés et de nous permettre de travailler. S’ils continuent, je vais demander à vous-même d’aller les sortir ».
« J’ai compris le petit jeu, ce n’est pas compliqué », dit Vital Kamerhe
Rien n’arrête l’effervescence de ce public. Et Vital Kamerhe de menacer : « Ceux qui ont amené des militants pour faire du bruit, je sais les identifier. En réalité vous êtes venus pour humilier et le Chef de l’État et la république. Et si ça continue, on va vous faire partir…J’ai compris le petit jeu, ce n’est pas compliqué, réagit Kamerhe au vu d’une demande de parole d’un député. Nous allons jusqu’à l’investiture du gouvernement aujourd’hui. Laissez votre projet de trouble que vous voulez nous amener ici. Nous, on est venu ici pour travailler. Laissez la 1ère Ministre et son gouvernement être investi pour qu’ils commencent à travailler…celui qui osera encore, sera arrêté et son chef s’il est ici, va être déchu de ses fonctions de député par une motion aujourd’hui même. On ne blague pas. Vous avez intérêt à téléphoner à vos petits militants de cesser les bruits, sinon l’Assemblée va s’assumer », fulmine le speaker de l’Assemblée nationale qui tout de suite soumet ses menaces au vote. « Chers collègues, vous êtes d’accord avec moi ? », Oui, répond la plénière.
Silence de marbre
14h30, le silence s’installe enfin dans la salle de plénière, Kamerhe remet l’ordre et accorde la parole à la première ministre pour la présentation de son programme.
Quand Judith Suminwa Tuluka prend la parole pour la première fois devant les élus du peuple, elle commence par présenter les membres de son gouvernement ; puis vient, l’essentiel de sa politique d’action tirée de la vision du Chef de l’État. Cette présentation d’un programme articulé autour de six piliers et qui aura durée prêt de deux heures, donna ainsi lieu à l’ouverture des débats.
Avec plus de 300 demandes de paroles enregistrées, Vital Kamerhe joue à l’équilibriste. Il réussit à les réduire par le partage de parole alternative, selon qu’on est de telles ou telles tendances. Une stratégie à l’avantage, selon lui, d’étouffer des redites dans certaines demandes de parole. C’est de cette façon qu’on aura réduit le temps des débats, avant d’accorder de nouveau la parole à la cheffe du gouvernement pour ses réponses, dernière ligne droite conduisant à son investiture qui interviendrait coûte que coûte ce mardi même, déclarent les députés débateurs.
Pour sa première grande prestation, Vital Kamerhe aura démontré sa posture d’un grand stratège, capable de contenir et mettre d’accord son auditoire. La plénière d’investiture face aux militants chauffés à blanc, l’aura démontré. Ceci nous rappelle les exploits de cet homme dans la conduite des débats, durant sa présidence de cette même Assemblée sous l’ère Kabila. Depuis lors, les débats se sont poursuivis sans dans le calme et bruits, la majorité de fauteurs des troubles ayant quitté le lieu, fatigués, constatait le président Kamerhe.